top of page

La Médecine des Corps : revenir dans notre Essentiel

Dernière mise à jour : 12 févr.

Nous vivons dans une époque qui pressurise les corps

Nous courons continuellement après le temps et pour optimiser ce temps qui nous manque cruellement, nous développons des couches de planification complexes, nous faisons des formations de "gestion du temps", nous plaçant comme élément problématique central de cette inaptitude à gérer ce temps. Nous sommes en surcharge mentale, en surmenage corporel, menant inévitablement au "burn-out", qui veut dire littéralement "griller", et reconnu comme maladie professionnelle. C'est-à-dire que le symptôme est désormais reconnu et acté comme norme, et lorsqu'une norme s'instaure, le risque c'est que les causes profondes ne soient pas traitées.


L'éloge du temps

Pourtant, la cause première étant le manque de temps, une partie de la solution se trouve dans le temps. Le temps à s'octroyer, le temps pour soi, le temps pour son intériorité, le temps pour ses espaces de loisirs et de plaisir, le temps pour savourer, le temps pour faire rien, le temps pour se laisser vivre, le temps pour se laisser être, le temps pour contempler, le temps pour être à l'écoute de soi et de ses aspirations. Le temps. Le temps pour prendre soin de soi. Et non pas de prendre un temps juste pour compenser un trop-plein, décharger à la hâte pour pouvoir repartir dans le rythme infernal du quotidien qui pressurise les corps. Prendre le temps, ou l'éloge du temps. Savoir prendre ce temps, savoir poser ces moments et s'y tenir, se rappeler que préserver ces temps est la base essentielle pour se préserver et pouvoir tenir dans le temps, sur la longueur, de manière saine.


Des machines

Cependant, les Corps sont pressurisés. Ils sont devenus des machines au service de systèmes qui ne sont pas au service du vivant. Nos corps sont devenus des outils de production et de productivité. Ils doivent répondre à toutes nos injonctions, personnelles et collectives, en permanence ; ils doivent faire ceci ou cela, contraints et forcés, ne pas faire sentir de faiblesses comme le désaccord, les limites, la fatigue, ne pas faire ressentir de choses désagréables comme les émotions dites négatives, être toujours opérationnels et fonctionnels, poussés au-delà de leurs capacités puisque cela correspond à la performance, largement félicitée dans le regard de ce qui est "digne et valeureux", autrement dit, la reconnaissance. De toutes façons à ce point, les limites n'existent plus, pas plus que les curseurs qui tirent les sonnettes d'alarme de ce corps qui appelle à l'aide et tente de dire "stop". Et lorsque le corps est arrivé à l'épuisement et qu'il ne peut plus parce qu'il n'a pas été entendu, son dernier recours, c'est de tout lâcher, autrement dit, le "burn-out". Mais courir après quoi ? Pour quoi ? Nos vies valent-elles vraiment aussi peu que ce qu'on lui accorde ?


Les temps d'écran

A cet état d'épuisement de ce corps mené et surmené dans ces quotidiens effrénés pour répondre aux normes et aux attentes personnelles et collectives, de devoirs, d'obligations, de dites réussites, d'être à la hauteur, là où nos corps n'ont pas le temps suffisant pour respirer, se régénérer, se ressourcer, se poser, se déposer, se reposer... les rares temps de pause hors devoirs et obligations, qui pourraient être des fenêtres d'aération pour l'esprit, pour l'âme, viennent se greffer et s'ajouter les temps d'écran. Et ceci est un problème culturel et non pas seulement générationnel, contrairement aux idées reçues. Les temps d'écran sont générés par des sollicitations diverses ; la télé qui tourne en bruit de fond, les mails pro et / ou perso, les messages par tous les canaux de communication, les réseaux sociaux et ils sont nombreux... et tout cela constitue une sollicitation supplémentaire, qui devient une sursollicitation pour l'esprit, c'est-à-dire pour les espaces intérieurs sont saturés de champs informationnels, et ne laissent par conséquent, pas le temps ni l'espace pour que le corps puisse réellement bénéficier d'un temps "off", où il fait rien et pendant lequel il peut entrer dans un espace de détente et de régénération.


Nos vies sont saturées, nos espaces intérieurs sont saturés, nos corps sont saturés, et ils n'ont plus le temps ni l'espace nécessaires pour se ressourcer, se régénérer, autrement dit, entrer dans l'espace de l'auto-régulation saine et autonome.

Pourtant, au départ, les choses sont très simples. Et il est possible de revenir à l'essentiel, dans notre essentiel. Cette base saine dans laquelle et depuis laquelle la vie est revigorante.


La première étape est de marquer un temps de pause pour poser le constat.

L'éco-psychologie profonde, pratique élaborée à partir des travaux de Joanna Macy dans les années 70, nous enseigne qu'il est primordial de savoir regarder ce qu'il y a en soi ; ses ressentis, son scan intérieur, son état intérieur, l'état de son corps, le niveau de son énergie vitale, ses émotions, et les nommer. Simplement les nommer. Sans jugement, sans ressentiment, sans dévalorisation de trop ou pas assez, simplement de regarder, voir et nommer les choses telles qu'elles sont. Cela permet de poser un point de conscience sur soi et tout ce qui régit ce soi, de commencer à s'offrir un espace d'accueil et d'écoute dans la bienveillance, de soi à soi, de commencer à replacer le regard à l'intérieur de soi, et plus seulement des regards extérieurs qui nous définissent, qui placent les curseurs et les attentes de ce que nous devrions être, ne pas être, et de quelles façons nous devrions palier à ces manques et attentes. Peu à peu, en retrouvant ce lien à l'intérieur de soi, avec son intériorité, nous commençons à ramener de la conscience et à replacer de l'attention sur le lien qui nous unit à la Terre. Parce que nos corps, notre organique, est intrinsèquement lié et relié à celui de la Terre. Nos rythmes sont intrinsèquement liés et reliés à ceux de la Terre. Nos saisons intérieures sont définies sur le même modèle que les saisons qui animent la Terre, selon notre terre de naissance. Nos cycles de vie sont calqués sur la même harmonique que ceux de la Terre, de croissance, d'expansion, de déclin, de mise en compost, de renaissance. Se remettre à l'écoute de nos corps, et de tout ce qui les composent et les régissent, est une voie qui s'ouvre pour revenir dans notre interconnexion avec le Vivant, pour revenir dans la Conscience de notre interdépendance avec ce Grand Champ de Vie en perpétuel mouvement, en interaction permanente avec des champs informationnels très larges et vastes qui communiquent incessamment comme les connexions neuronales de nos champs cellulaires. Le microcosme dans le macrocosme et le macrocosme dans le microcosme.


Pour aller plus loin, vous pouvez vous plonger dans le livre "Ecopsychologie pratique et rituels pour la Terre - Revenir à la Vie", écrit par Joanna Macy et Molly Young Brown.


La deuxième étape, est de se remettre à l'écoute de notre Vivant.

C'est tout le postulat de la psychologie psychocorporelle biodynamique ; revenir dans la Conscience du Sensible de ce noyau sain, comme une graine enveloppée dans son cocon primordial, lovée dans les profondeurs de notre terre intérieure. Cette graine qui porte notre essentiel, est l'écrin de tout le potentiel de vie qui peut se déployer, s'exprimer et exprimer notre élan de créativité, de croissance, d'expansion, et de tout ce qui peut revenir à chaque instant en son centre dans une gestation continuelle, nourrie dans ce mouvement de va-et-vient, comme les vagues de la mer qui dansent entre intériorité et extériorité. Se remettre à l'écoute du Sensible, c'est revenir dans la Conscience de l'organique qui compose chaque couche de notre Être, chaque tissu qui le compose, chaque membrane, chaque cellule, et la façon dont le fluide de Vie circule pour nourrir, relier et harmoniser cet ensemble, non pas comme une unité séparée et isolée, mais comme un élément réunifié qui peut revenir dans sa pulsation de vie et retrouver le rythme naturel de sa respiration. C'est en se remettant à l'écoute de ce Vivant à l'intérieur de nous que nous (re)devenons progressivement plus sensibles aux fluctuations de notre Corps, à ses effluves, à ses messages, aux signaux qu'il nous envoie. C'est à ce moment-là qu'une Alliance peut commencer à renaître, où nous allons progressivement laisser de plus en plus de place à notre corps, à ses besoins, à ses espaces, que nous allons lui laisser de plus en plus d'espace pour lui offrir les temps dont il a besoin, dans des espaces sécurisés, protégés, à l'écoute, en accueil, en recueil, dans lesquels il peut se déposer en totalité et entrer dans un état de détente et de relaxation profonde, pour que les cycles d'auto-régulation puissent opérer comme le corps sait très bien le faire et le gérer, lorsqu'on lui laisse les espaces et les temps dont il a besoin pour ça. Le corps sait très bien gérer ce qu'il a à gérer pour évacuer, réguler, faire le vide, faire la place, remettre en circulation, et permettre de maintenir un état d'équilibre et d'harmonie psychocorporels. Il dispose de toutes les fonctions nécessaires pour faire correctement son travail, et même le faire excellement bien, mais pour cela, il doit avoir le temps et l'espace dont il a besoin. Un temps défini, respecté et non-négociable, et un espace clair, dégagé, sécurisé et protégé.


La troisième étape, et elle n'est pas des moindres, est de se réapproprier ce qui est bon pour soi.

Cela implique de faire le tri avec toutes les idées reçues et savoir si cela nous correspond vraiment, est vraiment bon pour nous, et de poser des limites claires sur ce qui doit être évacué de nos espaces pour ne garder que ce qui est bon pour soi. Bon pour soi veut dire ce qui est adapté. Une chose peut convenir à une personne et pas à une autre. Ca fait partie de la magie du Vivant, du Sensible, où chaque Être est unique et chacun-e est seul-e garant-e de ce qui lui convient, de ce qui est adapté, de ce qui est bénéfique. Et seul-e vous pouvez le savoir, personne ne peut savoir pour vous. Vous pouvez recevoir des conseils, des sources d'inspiration, mais vous seul-e pouvez valider si cela vous convient, si cela est adapté pour vous, si cela est bon pour vous.

Ces dernières années ont vu l'essor de nombreuses pratiques alternatives dans le domaine du "bien-être", développement personnel, spiritualité, etc. Cela est symptomatique d'une carence dans l'équilibre que recherchent tous les humains - normalement constitués, et des solutions trop restreintes proposées par les méthodes conventionnelles. Mais cela a pour effet d'ouvrir une brèche à tous les discours et à toutes les pratiques, et tout n'est pas bon à prendre, loin de là. Donc votre curseur intérieur est le seul qui soit le gardien de ce qui est bon pour vous et de ce qui ne l'est pas.

Je vais principalement m'attarder sur les pratiques et spiritualités qui ont un impact négatif sur le corps. A commencer par les courants spirituels qui dénigrent le corps et le traitent comme quelque chose d'impur, dont il ne faut pas se préoccuper, voire parfois maltraiter. C'est une erreur, une grosse erreur. Le corps physique est votre bouclier, votre armure, le contenant et le Réceptacle de tout ce qui se trouve à l'intérieur, de tous les trésors dont vous êtes composés et de tous les champs informationnels dont vous êtes dépositaire. Votre corps doit être bien traité, c'est-à-dire avec le plus grand soin. Bien sûr, il ne s'agit pas de tomber dans l'autre extrême qui est la vanité et d'être dans l'apologie du physique, être coupé de son intériorité est dénué de sens et fait de nous des êtres vides et sans substance, mais d'être dans le juste milieu, dans le bon traitement de son corps physique parce que lorsque le corps physique est dans son fonctionnement naturel, alors il est dans le mouvement optimal de son énergie vitale et de ses ressources. Et c'est en étant à l'écoute de votre corps et de ce qui est bon pour vous que vous permettrez à votre corps d'être dans son fonctionnement naturel.

Idem au niveau des régimes alimentaires. Il y a des personnes pour qui le jeûne peut être bénéfique, et au contraire pour d'autres, cela peut être un choc pour le corps et sera absolument inadapté. Vous ne devez pas priver votre corps, il n'est pas fait pour "vivre" dans la privation. La privation n'est pas la vie. Et si vous choisissez de vivre une période de jeûne, cela doit être très bien encadré, préparé et suivi. Votre corps sait intuitivement et instinctivement ce qui est bon pour lui et les sens sont vos curseurs. Lorsqu'un aliment avec son odeur, sa couleur ou sa texture vous révulse, vous donne envie de vomir, ne vous forcez pas. Si vous "crevez la dalle", que votre ventre fait des crampes à en être plié en deux, ou que vous êtes sur le point de vous évanouir, que vous vous affaiblissez, n'imposez pas ça à votre corps. Votre corps est fort, il est composé d'une énergie vitale extraordinaire qui le régénère, mais pour cela il a besoin d'avoir les apports qui lui sont nécessaires et adaptés. Evidemment, privilégiez des aliments "vivants", qui sont chargés de bons éléments nutritifs et évitez au maximum tout ce qui appauvrit votre corps ou le surcharge. Mais à ce stade de l'article, il ne me semble pas nécessaire de le préciser. Et vous savez que vous pouvez vous faire accompagner par des professionnels dans ce domaine de santé, le temps de repartir sur des bases saines et de retrouver vos curseurs.

Enfin, je terminerai sur les pratiques sexuelles. Nous sommes dans une époque de surconsommation, de consumérisme, et malheureusement le sexe en fait partie. Je ne vais pas faire l'inventaire de toutes les pratiques qui désacralisent cette énergie, elles sont étalées chaque jour sous nos yeux. Mais c'est un grand dommage qui est causé à l'ensemble de l'humanité, parce que cette énergie est la première porte d'entrée qui nous relie à notre énergie créatrice, elle est celle qui nous relie à notre Lien à la Terre et elle est le socle du déploiement de notre énergie vitale. Nous nous exposons, nous sommes exposé-es, nous faisons entrer tout le monde et n'importe qui comme un acte anodin qui satisfait pendant un bref instant une pulsion qui répond à un besoin de reconnaissance et nous laissons cette énergie souillée s'amasser et ajouter des couches de brouillis autour et à l'intérieur d'un espace si important. Les codes extérieurs nous ont dit que c'était bien, que c'était une "norme", recouvrant l'essentiel. Et pendant ce temps, des corps sont violés, annihilés, souillés, coupés d'eux-mêmes, mutilés. Et nous nous retrouvons dans un non-sens, entre ascétisme et pornographie, de traumas qui se répètent et se transmettent, de génération en génération, culturellement, collectivement, hommes et femmes confondus. Nous cherchons les curseurs, les voies, les codes, la rédemption. La juste limite, le juste milieu. Encore une fois, votre corps sait. Ecoutez-vous, écoutez-le. Préservez-vous, préservez-le, c'est un espace d'une importance capitale que vous n'imaginez même pas. Nettoyez cet endroit, préservez-le, honorez-vous, honorez votre Sacré, c'est votre Devoir Sacré de vous à vous-même. Et vous en êtes seul-e Gardien-ne. Vous vous le devez. Loin de toute injonction extérieure. Vous vous devez le respect. Vous devez préserver ce qu'il y a de plus important en vous.



Revenir dans l'Espace sain du noyau de Vie
Revenir dans l'Espace sain du noyau de Vie


La Médecine des Corps : revenir dans notre Essentiel... en définitive

C'est un long chemin de Reconquête que de se remettre à l'écoute de soi dans une époque de turbulence où tout est fait pour nous éloigner de notre intériorité, nous éloigner de nous-mêmes. Mais revenir à la base, à l'essentiel, dans notre essentiel est absolument possible. Cela demande de la volonté, de la détermination de se retrouver soi-même, comme un point qu'on aperçoit dans l'horizon lointain et qu'il ne faut pas lâcher des yeux au risque de le perdre, de se perdre. S'offrir du temps, une qualité de temps que rien d'autre ne peut nous offrir que le temps lui-même, s'offrir les espaces d'écoute, d'accueil, de sécurité et de protection absolument nécessaires pour rétablir une communication saine avec son intériorité, pour revenir progressivement dans la conscience de ce qui nous régit, de ce qui nous anime, de ce à quoi nous sommes relié-es. Et s'écouter, écouter les signaux, les curseurs, les alarmes qui s'enclenchent et se déclenchent de ce qui est bon pour nous et tenir loin, absolument loin, tout ce qui n'est pas bon pour soi. Car ce qui n'est pas bon n'a rien à offrir, juste à se servir, ce qui en fait des parasites. Ecoutez-vous, écoutez votre corps, faites lui la place dont il a besoin, parce qu'il est votre meilleur allié. Il sait quand vous ne savez plus, il vous guide quand vous avez perdu vos pas, il vous ramène sur le chemin quand vous vous en êtes trop éloigné-e. Il sait, il vous aime, il vous guide et il est là pour faire le chemin et le travail avec vous. Mais pour cela, vous devez lui laisser la place. Il est un cadeau de la Terre, mêlée à d'autres Magies sublimes, un Alliage Sacré pour que vous puissiez mener à bien la plus belle expression qui soit : vous-même. Honorez la Vie en vous et magnifiez-la. Vous vous le devez.

Commentaires


bottom of page